Les propriétaires des Nordiques cherchaient depuis des mois des concessions à Parizeau, notamment en demandant à Québec de construire un aréna de 100 millions de dollars pour l’équipe et d’avaler une perte d’exploitation prévue de 27,8 millions de dollars au cours des deux prochaines années. Au lieu de cela, le gouvernement – déjà aux prises avec un énorme déficit budgétaire – a fait une offre d’environ 37 millions de dollars en vertu de laquelle il serait devenu copropriétaire des Nordiques.
Avec cette vente, la ville de Québec, peuplée de moins de 200 000 habitants, devient la première d’une série de petites villes canadiennes dont les équipes ont eu du mal – notamment Edmonton et Winnipeg – à conserver leurs équipes de la LNH. Ces marchés ne peuvent pas suivre la hausse des salaires des joueurs et l’expansion de la LNH sur les marchés riches et fastueux des États-Unis, en particulier dans le Sud et le Sud-Ouest.
«Les besoins en revenus de l’industrie du hockey, la taille du marché québécois et l’absence de soutien gouvernemental adéquat sonnent le glas des Nordiques de Québec», a déclaré Marcel Aubut, président des Nordiques, en conférence de presse à Québec, où l’équipe joue depuis 23 ans.
» A lancé Parizeau à la sortie d’une réunion ce matin : « J’ai des choses plus importantes à régler que les moindres petits tics de M. Aubut », selon la Presse Canadienne. Les Jets de Winnipeg, une autre franchise perpétuellement en danger, étaient sur le point de déménager à Minneapolis pas plus tard que la semaine dernière, mais semblent avoir obtenu un sursis de dernière minute. Un effort de collecte de fonds local a permis de récolter quelque 10 millions de dollars, et 35 000 Winnipegois ont manifesté à l’Assemblée législative provinciale en faveur du maintien des Jets.
Les citoyens de Québec étaient moins enthousiastes, avec seulement quelques centaines de personnes à un rassemblement la semaine dernière. Autre différence : le gouvernement fédéral du Canada a investi quelque 17 millions de dollars pour aider à construire une nouvelle arène de hockey à Winnipeg. Le premier ministre Jean Chrétien étant ardemment opposé à la séparation du Québec, aucun accord de ce type n’a été proposé à Québec.
À Denver, les Nordiques recevront un nouveau nom encore indécis et un nouvel aréna au centre-ville d’une valeur de 132 millions de dollars sera construit par Comsat. Comsat possède déjà l’équipe de basket-ball des Denver Nuggets, qui a contribué cette saison de manière significative aux résultats de l’entreprise de télécommunications par satellite.
Le président de Comsat, Bruce Crockett, a déclaré aux journalistes lors d’une conférence téléphonique que cette décision faisait partie du plan de Comsat « de bâtir une entreprise de divertissement entièrement intégrée ». Comsat fournit des vidéos aux hôtels américains et possède une société de production de télévision et de films en plus de son activité principale de transmission d’appels téléphoniques internationaux, de données électroniques et d’images vidéo par satellite.
Crockett a déclaré que l’équipe de hockey transférée conserverait le directeur général des Nordiques Pierre Lacroix et l’entraîneur Marc Crawford.
Charlie Lyons, président de Comsat Entertainment Group, a avoué avoir « un peu d’ambivalence » lors de l’achat des Nordiques.
« Je sais qu’Aubut voulait désespérément garder son équipe au Québec », a déclaré Lyons. « Je me sens mal que le Québec n’ait pas réussi à retenir son équipe. » LÉGENDE : Comsat Entertainment Group de Charlie Lyons ajoute l’équipe de la LNH à ses avoirs en NBA : les Nuggets. (Photo publiée dans une édition antérieure)