Le vérificateur général de l’Ontario découvre des failles persistantes dans le marché des paris sportifs en ligne

La province la plus peuplée du Canada va de l’avant avec son système préféré pour les paris sportifs en ligne et les jeux de casino sur Internet malgré les préoccupations persistantes et les suggestions d’un responsable législatif.

Selon un rapport de suivi publié mercredi, l’Ontario a fait peu ou pas de progrès sur la plupart des recommandations formulées par le vérificateur général de la province en 2021 concernant les jeux sur Internet, y compris quelques modifications proposées qui ne seront pas apportées du tout.

Le rapport de 2021 du vérificateur général avertissait qu’il existait un « risque juridique » concernant les projets de l’Ontario visant à lancer un marché concurrentiel pour les paris sportifs en ligne, les machines à sous, les jeux de table et le poker. Cela s’explique par le fait que des contestations judiciaires ont été lancées dans le passé au Canada contre des provinces qui déléguaient « illégalement » leur rôle dans le secteur des jeux de hasard à des entreprises du secteur privé.

En vertu de la loi fédérale, les provinces canadiennes peuvent « organiser et gérer » les jeux de hasard, ce qui se fait généralement par l’intermédiaire d’entités appartenant au gouvernement.

Cependant, en Ontario, le gouvernement a proposé puis mis en œuvre un système permettant aux opérateurs du secteur privé d’offrir des paris sportifs en ligne et des jeux de casino sur Internet via des contrats avec une nouvelle agence, iGaming Ontario (iGO).

« La question de savoir si une province avait illégalement délégué la fonction de « conduire et gérer » à une entité privée avait déjà fait l’objet de contestations judiciaires au Canada », indique le suivi déposé mercredi par le vérificateur général par intérim Nick Stavropoulos à Queen’s Park. , qui faisait partie du rapport annuel du chien de garde. « Sur la base de notre examen de la documentation rendue publique disponible au moment de la rédaction de notre rapport initial, nous avons noté que le modèle ontarien en matière de jeux sur Internet transférait une part importante des risques commerciaux et du pouvoir de décision stratégique aux exploitants de jeux privés. »

L’auditeur a recommandé en 2021 que le gouvernement de l’Ontario « prenne les mesures appropriées » pour garantir que son marché iGaming prévu serait conforme au Code criminel fédéral avant son lancement.

Cette suggestion n’est « plus applicable », note mercredi le rapport de l’AG, car l’Ontario a lancé son marché en avril 2022, permettant à BetMGM, DraftKings et FanDuel, entre autres, d’ouvrir des paris sportifs en ligne dans la province. Le gouvernement provincial a également déclaré à Covers en 2021 qu’il avait « soigneusement conçu » le marché des jeux en ligne pour se conformer à la loi fédérale.

Cela dit, le risque juridique contre lequel le vérificateur a mis en garde pourrait avoir pris la forme d’une poursuite intentée par le Conseil mohawk de Kahnawà:ke, basé au Québec, en novembre 2022, qui vise à anéantir le marché des jeux en ligne en Ontario. L’action en justice conteste la légalité et la constitutionnalité du cadre de l’Ontario et allègue que les opérateurs du secteur privé, et non la province, mènent et gèrent les jeux de hasard en ligne.

La contestation judiciaire devrait être entendue en février 2024, mais le vérificateur général a noté mercredi qu’il avait inséré des avertissements concernant le risque juridique dans les récents états financiers d’iGO.

« Dans notre rapport de l’auditeur indépendant pour ces états financiers, nous avons inclus un paragraphe ‘Soulignement’ pour attirer l’attention des utilisateurs sur cette question juridique importante », indique le rapport de suivi de l’auditeur.

Ce ne sont pas les seules préoccupations soulevées par le dernier rapport du vérificateur général, mais elles décrivent une menace potentiellement existentielle pour le marché concurrentiel des jeux en ligne en Ontario, qui demeure le seul du genre au Canada.

Alors que la plupart des provinces se sont contentées d’accorder aux sociétés gouvernementales de loterie et de jeux des monopoles légaux sur les jeux en ligne, l’Ontario a à la fois sa loterie et un essaim d’opérateurs du secteur privé gérant des paris sportifs et des casinos mobiles à l’intérieur de ses frontières.

Cela a généré des milliards de dollars de paris depuis que l’Ontario a ouvert son marché compétitif des jeux en ligne en 2022, ainsi que des dizaines de millions de dollars de nouveaux revenus pour la province. La récente déclaration économique de l’automne de l’Ontario suggérait que la province pourrait récolter plus de 200 millions de dollars de revenus du nouveau marché des jeux en ligne en moins de deux ans d’exploitation.

Mais le rapport du vérificateur général suggère que le système ontarien n’est pas parfait et pourrait encore s’effondrer, même si un effondrement total pourrait être un long chemin.

Quelqu’un est nerveux ?

Les imperfections alléguées vont au-delà des responsabilités constitutionnelles. Certaines des autres préoccupations du vérificateur général concernent la façon dont l’Ontario a structuré son marché, mais concernent moins des arguments juridiques nobles que l’efficacité et l’équité de la surveillance des jeux en ligne.

Par exemple, le vérificateur général a recommandé en 2021 que le ministère du Procureur général retire les responsabilités de gouvernance et d’exploitation d’iGO de la Commission des alcools et des jeux de l’Ontario (CAJO) et transfère la relation hiérarchique de l’agence au ministère des Finances.

iGO est techniquement une filiale de la CAJO, et le vérificateur général a averti en 2021 que cette structure de gouvernance pourrait créer « un potentiel de conflits d’intérêts et pourrait compromettre l’indépendance de la CAJO en tant que régulateur ».

En effet, la CAJO est censée réglementer les jeux en ligne dans la province et s’assurer que les opérateurs respectent ses normes. iGO, quant à lui, contribue à générer des revenus pour la province via ses contrats avec des opérateurs privés, et la CAJO supervise techniquement iGO.

Vous n’avez pas reçu le mémo ?

Pourtant, le gouvernement provincial prévoit maintenir la structure de gouvernance actuelle. Le ministère du Procureur général « a affirmé que des politiques suffisantes en matière de conflits d’intérêts ont été élaborées pour gérer les situations de conflits d’intérêts qui peuvent survenir entre les responsabilités réglementaires de la CAJO et le mandat de génération de profits d’iGaming Ontario », dans le rapport de mercredi. dit.

Le ministère, AGCO et iGO ont tous conclu un protocole d’accord détaillant leurs tâches respectives et ont doublé la structure de gouvernance. Avec cela et les politiques ci-dessus, le gouvernement provincial considère que les avantages du maintien du statu quo l’emportent sur les risques qui pourraient survenir avec une nouvelle structure hiérarchique, a écrit le procureur général dans son rapport de mercredi.

Cela ne signifie pas pour autant que le bureau du vérificateur général est d’accord avec cette décision.

« Notre Bureau continue d’estimer qu’en tant qu’organisme de réglementation, la CAJO ne devrait pas, en fait ou en apparence, être impliquée de quelque manière que ce soit dans la conduite et la gestion des jeux sur Internet en Ontario », indique le suivi de 2023. « Au lieu de cela, une organisation gouvernementale structurellement indépendante (c’est-à-dire non une filiale légale de la CAJO) devrait gérer les responsabilités opérationnelles et génératrices de revenus pour les jeux sur Internet fournis par les opérateurs de jeux privés, et être distincte et indépendante de son régulateur. »

Proactif ou réactif

La troisième série de recommandations formulées par le vérificateur général en 2021 prévoyait que le ministère du Procureur général devrait « clairement » montrer comment la province dirigerait le marché des jeux en ligne alors proposé « sans vérifier directement l’équité et l’intégrité des jeux » offerts par les sociétés privées. les opérateurs. Une autre suggestion était que le ministère fournisse ces informations au pouvoir législatif avant le lancement du marché.

Cela, a déclaré l’AG, est dû au fait que le rapport de 2021 a révélé que les « responsabilités clés » visant à garantir l’intégrité et l’équité du marché étaient sous-traitées au secteur privé.

« Il est apparu qu’iGaming Ontario ne serait pas impliqué dans les aspects critiques des opérations de jeu tels que la conception de jeux et de systèmes de jeu, la détermination des paiements et l’établissement des cotes », indique le rapport de suivi de mercredi. « Au moment de la publication de notre rapport 2021, les informations publiques étaient limitées sur la manière dont iGaming Ontario protégerait les consommateurs de jeux de l’Ontario en garantissant l’intégrité des jeux offerts par les opérateurs de jeux privés.

Lorsque le bureau du vérificateur général a réexaminé la question, il a constaté qu’iGO « ne surveille pas de manière proactive les opérateurs pour garantir le respect des normes de jeu, y compris les normes relatives à l’équité et à l’intégrité des jeux ».

Néanmoins, le ministère a souligné le fait que la CAJO a établi des normes que les opérateurs d’iGaming doivent suivre, y compris certaines spécifiques à l’intégrité des jeux. Il a également noté que la commission des jeux exige des tests indépendants des jeux et que le régulateur a créé une unité de conformité spécifique à iGaming pour aider à contrôler le marché.

De plus, iGO a créé une « Politique de service client et de résolution des litiges » pour donner aux joueurs un moyen d’obtenir de l’aide lorsqu’ils sont maltraités par un opérateur.

Pourtant, le bureau du vérificateur général a affirmé que « la majorité » des mesures liées à l’intégrité du jeu avaient été prises par la CAJO.

Le bureau du vérificateur général souhaite que le ministère exige qu’iGO soit plus proactif, et non réactif, pour garantir que les joueurs reçoivent une rémunération équitable. Cette suggestion survient alors que plusieurs opérateurs de jeux en ligne ont été condamnés à des amendes en Ontario pour divers faux pas depuis l’ouverture du marché concurrentiel, y compris récemment quelques cas de joueurs qui ont perdu d’énormes sommes en peu de temps.

« iGaming Ontario, en sa qualité de chef d’orchestre et de gestionnaire des jeux sur Internet, devrait agir comme première ligne de défense pour protéger les consommateurs ontariens en garantissant l’intégrité des jeux offerts par ses opérateurs », indique le rapport de suivi de 2023. « Bien que la CAJO soit chargée de faire respecter ces normes, iGaming Ontario devrait jouer un rôle actif pour garantir l’intégrité (c.-à-d. le caractère aléatoire des résultats des jeux, la divulgation équitable des cotes des jeux et les paiements effectués comme décrit) des jeux sur Internet sur l’ensemble de son réseau d’opérateurs. .»

Pages liées à ce sujet


Laisser un commentaire